Christophe Naux est un artiste, graphiste de profession, photographe et sculpteur.

Il est aussi enseignant à L’Ensad en section Image imprimée, qu’il co-dirige depuis plusieurs années.

Christophe Naux
Christophe Naux

Son travail personnel s’inscrit dans une approche sensible
du trait et de ses distorsions, de la couleur et de son impact,
du volume et de sa transformation.

Ses derniers travaux sont intimement liés à la nature,
son respect et ses transformations.
L’économie d’échelle et de moyens poussent son travail
artistique à des expressions où le mouvement de la main
apporte la sensibilité du trait et la violence de l’outil
résonne avec le raffinement des finissages.
Des troncs de bois issus de sa propre terre
donnent naissance à des œuvres sensibles et sensuelles
où le volume vient caresser les lignes des saignées
au cœur du matériau.
La force du geste interroge de nouveaux équilibres
entre la fragilité et la puissance d’une nature en danger
et donne à voir des altérations délicates et brutes,
fines et massives, comme les ingrédients essentiels
d’une renaissance optimiste.

Une œuvre graphique l’accompagne, gorgée de pigments
comme la sève des arbres. Elle vient faire écho à la chair
du bois et ses vides et pleins mis à nus,
prêts à construire des relations vibrantes,
aux musiques profondes et enthousiastes.

Pascaline Wilhelm

 

BOIS

Tempête dans le jardin, les arbres tombent,
s’arrachent du sol,
la tronçonneuse découpe tout,
le bois au sol est triste.
J’aimerais lui redonner force et pourtant il bouge encore,
continue
à fendre, alors je mets en valeur ses failles.
Un rythme se créé entre la main,
la machine et le tronc qui ne veut pas mourir,…
La forme est suggèrée par le tronc, je m’approprie ce bois
sans le dominer,
je le rêve. Il redevient force.
Il reprend vie.
La tronçonneuse, brutale, déchire
sa peau,
comme une marque de possession ou un désir d’aimer.
C’est la ligne qui dirige, la ligne du bois,
l’imperfection d’un noeud,
sa courbure irrégulière,
sa domination fragile qui devient liberté retrouvée.
J’en fais aussi des pastels, fragiles, éphémères ou éternels.
Comme un totem il prend sens.
Forme abstraite et désir de perpétrer le vivant.

Christophe Naux

 

 

 

Après

Après le vacarme c’est le silence que l’on perçoit,
c’est le silence que l’on entend,
c’est le silence, paradoxalement,  que l’on voit.
Mais avant tout cela, il y a bien plus qu’un œil, bien plus qu’un regard, bien plus qu’une intention, il y a déposé dans le jardin de Badit, la mémoire de ces tronçons de bois qui attend qu’on la réveille comme on voudrait, demain, la rendre à jamais intemporelle, immortelle.

Les sculptures de Christophe Naux viennent se blottir dans cette continuité,
elles offrent à l’oubli un nouvel envol non pas dans une forme de dévotion désuète au passé mais dans une volonté de déposer, à nos regards, la trace d’une émotion dévoilée. Il taille, creuse, entaille, ajoure du merisier, du pommier, du poirier, du frêne et autres essences tout en respectant la trace laissée comme pour la rendre encore plus présente, plus visible, plus sensuelle, plus vivante. Dans ces tempêtes du temps, ces scarifications, il y trouve de la poésie, de la beauté, de la pureté, de la vérité mais aussi du mystère.

Son travail est de cette nature, il ne  prétend pas montrer ou dire, il entend juste donner corps à une intuition dans une série de gestes qu’il propose, au regard, en accumulant des formes pensées et organisées. Christophe Naux entretient un rapport de politesse avec le bois qu’il sculpte même si parfois il le taillade, le brûle, l’incruste d’or il le fait toujours respectueusement, fragilement, légèrement, lentement comme pour y abandonner sa patine du temps, son empreinte de vie. Il besogne, comme un bucheron, dans le bruit, la poussière et dépose délicatement, silencieusement, à nos yeux,  des formes entaillées, cicatrisées et réparées en les faisant léviter sur des socles célestes.

Il est, en ce sens, un artiste libre qui compose une œuvre graphique et sculptée d’une grande pudeur. Il est aussi un homme paradoxal qui manie un instrument de « destruction » : la tronçonneuse, pour en faire un outil délicat qui ajoure, effleure, arase, épouse, creuse et épure le bois comme dans un effacement du geste, une économie de la douceur, une onctuosité du grain, une radicalité et une verticalité de la forme.

S’agit-il de totems, d’œuvres phalliques, de tours lancées vers l’infini ?
S’agit-il de ce creusement du temps, de graffitis en trois dimensions, d’une forêt de troncs sculptés ?
S’agit-il de lutter contre sa propre finitude ?
S’agit-il de ce rien, de ce tout, de cet indicible qui se montre, se cache, apparait ou disparait ?

Oui probablement, il y a de tout cela, mais il y a aussi cette sorte de silence du départ, de la mémoire, qui donne envie à Christophe Naux de rentrer en sculpture, comme d’autres rentrent en prière, de penser ou de non penser ce mystère, cette liberté, ce pont de singe, de s’obstiner, ainsi, à poursuivre ce souvenir dans un geste de la main d’une grande sureté et d’une grande délicatesse. Il emprunte, trace, conduit mais ne détruit rien. Il est dans cette intention de la proposition, de l’offrande, du partage, du prolongement absolu.

Il emprunte l’empreinte, juste cela et pourtant ……

Avant – après, il y a …. maintenant, cet instant suspendu, cette éphémère légèreté,
cet éternel serein, ce déséquilibre équilibré, ces vies sans autre liberté que cette continuité voulue par le sculpteur.

Avant, maintenant, après, demain, il y a le cheminement de l’artiste, le monde projeté en ses hauts points qui nous permet de nous tenir debout, tout contre, de nous lâcher, de nous reposer, de nous déposer, de nous enlacer jusqu’à consentir à ne plus combattre.

Après l’absence il y a les retrouvailles, c’est sûr le temps des semailles.
Après tout, on verra bien peut-être des signaux, juste le frôlement de sa main, le contraste d’une ombre, de la nuit, du jour, la peur et la grâce de son regard, la caresse de ces nouvelles peaux.

Après.
Après tout cela il y a juste les sculptures Christophe Naux.

François Rouyer-Gayette,
Le 9 juillet 2020

 

 

Remerciements 

Photos Régis Perry

Textes Pascaline Wilhelm, François Rouyer-Gayette

Site Victor Boulanger

Socle Cees Rombout

Dorure Jean-Pascal Rapp

Matière bois et Laser Nicolas Delaveau

Conseiller particulier Rémy Boulanger

Galerie Isabelle Frank

 

 

Expositions personnelles
2021 – «Bois» – Atelier-Galerie IF – Châtillon-Coligny
2007 – «Estampes numériques» – La Motte-Ferchault d’Anjou
2006 – «Traits embrouillés» – images numériques – Salon Première Vision – Paris

Expositions collectives
2004 – «Eternité fugitive» Livre d’artiste – Première Vision – Paris
1990 – «Vive les graphistes» – Beaubourg – Paris

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Professeur à l’Ensad depuis 1990
Enseignant en secteur image imprimée et référent Master

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Création de l’agence de graphisme «Jour Ouvrable» depuis 1989
Nombreuses créations d’images et designs graphiques.
La nuit des musées, Le musée JJ Henner, Beaubourg ,
Affiche ville de Nantes, Affiche Jacques Demy avec Agnès Varda,
PremièreVision, Hexagramm, CCIP, MPF, CFBouton, Editions Anabole, …

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1989 – Master en Image Informatique (AII)
1988 – Diplômé de l’Ensad
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